Nous, chefs d’État et de gouvernement du Groupe des Sept (G7), nous sommes réunis le 12 décembre pour faire un bilan des progrès de notre coopération sous présidence allemande afin de relever conjointement les défis mondiaux dans un contexte de crise géopolitique majeure et à un moment critique pour l’économie mondiale. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a participé à notre réunion. Cette année, face à la guerre d’agression illégale, injustifiable et ne faisant suite à aucune provocation que la Russie mène contre l’Ukraine, nous sommes restés plus unis que jamais aux côtés de l’Ukraine, en faisant preuve d’un attachement inflexible à nos valeurs communes, à l’ordre multilatéral fondé sur des règles de droit et à la coopération internationale. 

Aujourd’hui, nous réaffirmons notre solidarité et notre soutien inébranlables à l’Ukraine face à la guerre d’agression que la Russie continue de mener, et nous le ferons aussi longtemps qu’il le faudra. Nous condamnons les attaques inhumaines et brutales que la Russie continue de perpétrer en ciblant différentes villes à travers l’Ukraine et en particulier des infrastructures critiques, notamment les installations d’approvisionnement en énergie et en eau, et nous rappelons que les attaques aveugles et dirigées contre la population ou les infrastructures civiles constituent des crimes de guerre. Nous condamnons également ceux qui facilitent la guerre illégale menée par le président Poutine. Nous sommes déterminés à aider l’Ukraine à réparer, remettre en état et défendre ses infrastructures critiques d’approvisionnement en énergie et en eau. Nous aiderons l’Ukraine à répondre à ses besoins pour se préparer à l’hiver, nous continuerons de soutenir la résilience de la population ukrainienne et nous accroîtrons nos efforts en la matière à l’occasion de la conférence internationale qui se tiendra à Paris le 13 décembre. Nous sommes déterminés à faire en sorte que la Russie supporte les coûts de remise en état des infrastructures critiques qu’elle a endommagées ou détruites en menant cette guerre brutale. Les crimes de guerre et les autres atrocités ne peuvent rester impunis. Nous demanderons des comptes au président Poutine et aux autres responsables de ces attaques, conformément au droit international. Nous répétons que le discours irresponsable de la Russie sur le nucléaire est inacceptable et que tout emploi d’armes chimiques, biologiques ou nucléaires déclenchera une réaction lourde de conséquences. 

En nous appuyant sur les engagements que nous avons pris jusqu’à présent, nous continuerons à exhorter la communauté internationale à aider l’Ukraine à faire face à ses besoins immédiats de financement à court-terme. Nous demandons à nos ministres chargés des finances de se réunir sous peu pour convenir d’une approche conjointe concernant un budget de soutien coordonné pour l’année 2023. Nous affirmons que le Fonds monétaire international doit jouer un rôle central dans ces efforts.

Nous soutenons fermement les efforts déployés pour obtenir la stabilité financière immédiate de l’Ukraine ainsi que son redressement et sa reconstruction dans la perspective d’un avenir démocratique, prospère et durable s’inscrivant dans sa trajectoire européenne. Nous nous appuierons sur les résultats de la Conférence internationale d’experts sur le redressement, la reconstruction et la modernisation de l’Ukraine qui s’est tenue le 25 octobre à Berlin et nous les consoliderons lors de la Conférence sur le redressement de l’Ukraine qui se déroulera les 21 et 22 juin 2023 à Londres. En particulier, pour soutenir la réparation, le redressement et la reconstruction de l’Ukraine, en collaboration avec elle et nos partenaires internationaux et en étroite coordination avec les organisations internationales et institutions financières concernées, nous établirons une plateforme multi-opérateurs de coordination des donateurs. Grâce à cette plateforme, nous articulerons les mécanismes existants visant à fournir un soutien à court et à long termes – responsabilité particulière incombant à la filière finance pour le soutien financier à court terme – avec les futurs financements internationaux et contributions d’experts, et nous encouragerons la mise en œuvre de réformes en Ukraine ainsi qu’une croissance propulsée par le secteur privé. Nous créerons aussi un secrétariat pour la plateforme. Nous nommerons chacun un haut représentant du gouvernement chargé de superviser la mise en place de la plateforme et des efforts continus de coordination, et nous leur demandons de se réunir le plus tôt possible en janvier 2023. 

Dans l’optique d’un règlement pacifique viable après la guerre, nous demeurons prêts à parvenir à des arrangements avec l’Ukraine ainsi qu’avec les institutions et pays concernés pour garantir une sécurité pérenne, ainsi qu’à d’autres engagements afin d’aider l’Ukraine à se défendre, à assurer son avenir libre et démocratique et à dissuader la Russie de toute agression future, conformément aux droits qui lui sont conférés par la Charte des Nations Unies. 

Nous continuerons à coordonner nos efforts pour répondre aux besoins urgents de l’Ukraine en équipements militaires et de défense en nous concentrant prioritairement sur la fourniture de systèmes et de capacités de défense aérienne. 

Nous réitérons également notre condamnation la plus ferme de la poursuite par la Russie de l’occupation et de la militarisation de la centrale nucléaire de Zaporijjia, de l’enlèvement de membres du personnel ukrainien et des mauvais traitements qui ont été signalés, ainsi que de la déstabilisation intentionnelle de son fonctionnement. Nous soutenons les efforts déployés par l’Agence internationale de l’énergie atomique pour mettre en place une zone de protection de la sûreté et de la sécurité nucléaires.

La guerre d’agression menée par la Russie doit cesser. À ce jour, nous n’avons observé aucun signe montrant que la Russie s’engage sur la voie de la paix durable. La Russie peut mettre fin à cette guerre immédiatement en cessant ses attaques contre l’Ukraine et en retirant ses forces du territoire ukrainien complètement et sans conditions. Nous saluons et soutenons l’initiative du président Zelensky pour une paix juste. 

Nous demeurons attachés aux mesures de sanctions coordonnées sans précédent que nous avons prises pour riposter contre la guerre d’agression de la Russie. Nous maintiendrons et intensifierons les pressions économiques exercées sur la Russie et sur ceux qui contournent nos mesures restrictives et en diminuent l’efficacité. Nous continuerons de protéger les pays vulnérables qui pâtissent gravement des répercussions de la guerre d’agression et de l’instrumentalisation de l’énergie et de l’alimentation menées par la Russie. 

Nous réaffirmons notre intention de supprimer progressivement de nos marchés intérieurs le pétrole brut et les produits pétroliers provenant de Russie. La semaine du 5 décembre 2022, la mesure de plafonnement du prix du pétrole brut russe transporté par bateau a pris effet dans nos juridictions respectives, concrétisant notre engagement de limiter le profit que la Russie tire de la guerre d’agression qu’elle mène contre l’Ukraine, de soutenir la stabilité des marchés mondiaux de l’énergie et de réduire au minimum les retombées économiques négatives de cette guerre, notamment dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Nous encourageons les pays tiers qui ont l’intention d’importer par bateau du pétrole brut et des produits pétroliers de provenance russe à mettre en œuvre le mécanisme de plafonnement du prix. Nous réitérons notre décision de mettre œuvre un plafonnement des prix des produits pétroliers d’origine russe à partir du 5 février 2023.

La guerre menée par la Russie en Ukraine accentue les fragilités de l’économie mondiale, avec des répercussions directes sur le coût de la vie pour les populations de nos pays, ainsi que sur les pays et les personnes les plus vulnérables dans le reste du monde. Nous continuerons d’utiliser toutes les mesures à notre disposition pour préserver au niveau mondial la stabilité financière, macroéconomique et celle des prix, ainsi que la viabilité financière à long terme, tout en apportant un soutien ciblé à ceux qui en ont le plus besoin et en menant des efforts conjoints pour renforcer notre sécurité économique collective face aux chocs externes et aux risques majeurs. Nous procéderons à des investissements publics et à des réformes structurelles pour promouvoir la croissance à long terme. Nous poursuivrons la coordination de nos efforts pour répondre aux besoins urgents des pays les plus vulnérables et nous encouragerons les investissements privés sur les marchés émergents et en développement comme levier essentiel pour des trajectoires économiques durables. 

Nous maintiendrons notre niveau d’ambition dans la lutte contre l’insécurité alimentaire mondiale, notamment dans le cadre de l’Alliance mondiale pour la sécurité alimentaire. Nous continuerons à soutenir les livraisons de céréales et d’engrais aux pays vulnérables qui en ont besoin et saluons les récentes opérations menées par le Programme alimentaire mondial dans ce domaine. Nous nous félicitons de la prolongation de l’Initiative sur les céréales en mer Noire parallèlement aux autres efforts visant à faire parvenir les produits alimentaires ukrainiens au reste du monde, notamment les couloirs de solidarité de l’Union européenne et l’initiative « Grain from Ukraine » (Céréales en provenance d’Ukraine). 

Réaffirmant notre ferme détermination à mettre en œuvre l’Accord de Paris et les résultats de la COP26 et de la COP27, nous nous engageons à mener au cours de cette décennie une action climatique diligente, ambitieuse et solidaire pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5° C par rapport aux niveaux préindustriels. Nous réaffirmons notre engagement de parvenir à zéro émission nette d’ici à 2050 au plus tard. À cette fin, et en nous appuyant sur la déclaration que nous avons adoptée en juin dernier à Elmau, nous entérinons les termes de référence du Club climat tels qu’établis par le groupe de travail sur le Club climat et proclamons par la présente la mise en place d'un Club climat ouvert, participatif et international. En mettant notamment l’accent sur la décarbonation des industries, nous contribuerons à mettre en place les conditions d’une croissance verte. Nous invitons nos partenaires internationaux à se joindre au Club climat et à prendre part à la poursuite de l’élaboration de son approche et de son organisation. Nous continuerons dans ce cadre de travailler en étroite coopération avec les organisations internationales et les acteurs concernés. Nous demandons à l’Organisation de coopération et de développement économiques, en partenariat avec l’Agence internationale de l’énergie, d’accueillir son secrétariat provisoire en travaillant en lien avec d’autres organisations internationales. 

Rappelant notre engagement de mettre un terme à la perte de biodiversité et d’en inverser la tendance d’ici à 2030, nous travaillerons activement pour que la quinzième Conférence des États parties à la Convention sur la biodiversité (COP15) soit un succès, en adoptant notamment un cadre mondial sur la biodiversité ambitieux et efficace, doté d’objectifs clairs et mesurables, et en veillant à la mise en œuvre immédiate et rapide de celui-ci. À cet effet, nous sommes déterminés à mobiliser tous types de ressources et à accroître de manière importante les financements nationaux et internationaux consacrés à la nature d’ici à 2025 pour appuyer la mise en œuvre de ce cadre mondial ambitieux. Nous encourageons les pays non membres du G7 à prendre part à ces efforts. 

Au moment où nous intensifions nos contributions au Partenariat pour les infrastructures mondiales et l’investissement afin de proposer à nos partenaires internationaux des investissements dans des infrastructures de qualité, durables, solidaires et résilientes face aux changements climatiques, nous nous réjouissons des progrès accomplis s’agissant des Partenariats pour une transition énergétique juste avec l’Afrique du Sud et l’Indonésie, qui sont des projets phares en matière de coopération multilatérale, de transition énergétique juste et d’investissement durable ; nous espérons une conclusion rapide des négociations avec le Vietnam, et la poursuite de progrès avec l’Inde et le Sénégal, pour conclure de tels partenariats. Nous accroîtrons notre coopération au sein du groupe de travail sur le Partenariat pour les infrastructures mondiales et l’investissement pour obtenir des résultats contribuant à notre objectif conjoint de mobiliser 600 millions de dollars d’ici 2027, et nous coordonnerons nos efforts en matière de Partenariats pour une transition énergétique juste au sein du groupe de travail dédié.

Réaffirmant notre engagement total en faveur de l’égalité femmes-hommes et de sa prise en compte systématique dans tous les secteurs de nos politiques publiques, nous accueillons avec satisfaction les recommandations clés formulées par le Conseil consultatif sur l’égalité des sexes et nous attendons avec intérêt la remise de son rapport complet d’ici la fin de l’année. Nous le remercions pour les travaux importants qu'il a accomplis cette année, nous réaffirmons notre intention de continuer à le réunir régulièrement dans le cadre des présidences successives du G7 et nous appelons de nos vœux son renforcement.

Cette année, nous avons progressé dans l’amélioration de l’architecture mondiale de santé articulée autour de l’Organisation mondiale de la santé, dans notre capacité à prévenir, préparer et combattre de futures urgences sanitaires mondiales et à mettre en place une couverture sanitaire universelle, notamment grâce au Pacte du G7 pour la préparation opérationnelle face aux pandémies adopté à Elmau. Nous nous félicitons du succès de la septième reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Nous intensifierons nos efforts pour former davantage de personnels de santé qualifiés et pour renforcer nos capacités de surveillance afin de détecter les épidémies et les variants dès que possible grâce à l’approche « Une seule santé ». Nous continuerons de soutenir les efforts scientifiques visant à mettre au point des vaccins, traitements et diagnostics sûrs et efficaces.

Sous présidence allemande, nous, membres du G7, aux côtés d’autres partenaires internationaux, avons fait preuve de détermination pour faire face ensemble aux difficultés systémiques comme aux crises urgentes de notre époque. Nos engagements et nos actions ouvrent la voie à des progrès vers un monde plus équitable. Dans la perspective du Sommet du G7 d’Hiroshima en 2023 sous présidence japonaise, et en appui à la présidence indienne du G20, nous demeurons forts, unis et plus déterminés que jamais à bâtir un avenir pacifique, prospère et durable pour tous.

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