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Des migrants débarquent d'un navire à Lampedusa, en Italie, après avoir été secourus par un bateau de pêche en Méditerranée. (archives)

Traversée de migrants en Méditerranée : le 1er trimestre 2023 est le plus meurtrier depuis 2017

OIM/Peter Schatzer
Des migrants débarquent d'un navire à Lampedusa, en Italie, après avoir été secourus par un bateau de pêche en Méditerranée. (archives)

Traversée de migrants en Méditerranée : le 1er trimestre 2023 est le plus meurtrier depuis 2017

Migrants et réfugiés

Le premier trimestre 2023 a été le plus meurtrier pour les migrants traversant la Méditerranée depuis 2017 avec 441 vies perdues en tentant d’atteindre l’Europe, a indiqué mercredi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Le projet « Migrants disparus » de l'OIM a ainsi recensé 441 décès de migrants au cours du premier trimestre 2023. S’il s’agit du nombre le plus élevé jamais enregistré depuis le premier trimestre de 2017 (742 morts), l’agence onusienne estime que ce chiffre entre janvier et mars 2023 est en deçà de la réalité. « C’est probablement une sous-estimation du nombre réel de vies perdues en Méditerranée centrale ».

« La crise humanitaire qui persiste en Méditerranée centrale est intolérable. Avec plus de 20.000 décès enregistrés sur cette route depuis 2014, je crains qu’il y ait une normalisation de ces décès », a déclaré dans un communiqué, le Directeur général de l’OIM, António Vitorino.

De nombreux migrants meurent en tentant de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l'Europe.
SOS Méditerranée/Anthony Jean
De nombreux migrants meurent en tentant de traverser la mer Méditerranée pour rejoindre l'Europe.

Retards et lacunes des opérations de sauvetage

Le projet « Migrants disparus » enquête d’ailleurs sur plusieurs cas de bateaux portés disparus, où il n’y a aucune trace de survivants, de débris et où aucune opération de recherche et de sauvetage n’a été menée. Quelque 300 personnes à bord de ces bateaux sont toujours portées disparues, a ajouté l’agence onusienne.

L’OIM pointe ainsi du doigt « les retards et les lacunes dans les opérations de recherche et de sauvetage menées par les États qui coûtent des vies humaines ». Car l’augmentation des pertes en vies humaines sur la traversée maritime la plus dangereuse au monde intervient alors que des rapports font état de retards dans les interventions de sauvetage menées par les États et d’entraves aux opérations des navires de sauvetage des ONG en Méditerranée centrale.

L’OIM a précisé que les retards dans les opérations de recherche et de sauvetage (SAR) ont été un facteur déterminant dans au moins six incidents depuis le début de l’année, entraînant la mort d’au moins 127 personnes sur les 441 recensées. 

« L’absence totale de réponse au cours d’une septième opération de sauvetage a coûté la vie à au moins 73 migrants » toujours inclus dans ce même décompte, a déclaré l’OIM dans un communiqué, ajoutant que les efforts de recherche et de sauvetage des organisations non gouvernementales ont nettement diminué au cours des derniers mois.

3.000 migrants ont atteint les côtes italiennes pendant le week-end de Pâques

De plus, des garde-côtes libyens ont tiré, le 25 mars dernier, des coups de feu en l’air alors que le navire de sauvetage de l’ONG Ocean Viking répondait au signalement d’un bateau en pneumatique en détresse. Par ailleurs, le dimanche 26 mars, un autre navire, le Louise Michel, a été arrêté en Italie après avoir sauvé 180 personnes en mer, faisant écho à un cas précédent dans lequel le Geo Barents avait été arrêté en février puis relâché.

Malgré ces traversées périlleuses, des centaines de migrants et réfugiés continuent de tenter de rejoindre l’Europe via la Méditerranée. « Pendant le week-end de Pâques, 3.000 migrants ont atteint l’Italie, ce qui porte le nombre total d’arrivées depuis le début de l’année à 31.192 personnes », a précisé l’OIM.

Un navire transportant environ 800 personnes à bord a été secouru mardi 11 avril à plus de 200 kilomètres au sud-est de la Sicile par les garde-côtes italiens avec l’aide d’un navire commercial. Un autre navire transportant environ 400 migrants aurait dérivé entre l’Italie et Malte pendant deux jours avant d’être rejoint par les gade-côtes italiens.

Les États invités à travailler ensemble

Selon l’OIM, tous les migrants de ces navires n’ont pas encore été mis en sécurité et débarqués en Italie. « Sauver des vies en mer est une obligation légale pour les États », a fait valoir le chef de l'OIM, Antonio Vitorino.

Guidés par l’esprit de partage des responsabilités et de solidarité, nous appelons les États à travailler ensemble et à s’efforcer de réduire les pertes en vies humaines le long des routes migratoires

« Nous avons besoin d’une coordination proactive des États dans les efforts de recherche et de sauvetage. Guidés par l’esprit de partage des responsabilités et de solidarité, nous appelons les États à travailler ensemble et à s’efforcer de réduire les pertes en vies humaines le long des routes migratoires », a-t-il ajouté.

Pour l’OIM, la situation en Méditerranée centrale renforce également la nécessité d’une assistance et d’un débarquement. Les efforts de l’État pour sauver des vies doivent inclure le soutien aux efforts des acteurs des ONG pour fournir une assistance vitale, et mettre fin à la criminalisation, à l’obstruction et à la dissuasion des efforts de ceux qui fournissent une telle assistance.

Tous les navires maritimes, y compris les navires commerciaux, ont l’obligation légale de porter secours aux bateaux en détresse. L’OIM appelle également à de nouvelles actions concertées pour démanteler les réseaux criminels de passeurs et poursuivre ceux qui profitent du désespoir des migrants et des réfugiés en facilitant ces voyages dangereux.