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La Banque d'Angleterre annonce sa plus forte hausse de taux depuis 1989

La Bank of England a, ce jeudi, remonté ses taux de 0,75 point de base face à une inflation supérieure à 10 %. Mais elle a tempéré les attentes du marché pour les prochains mois.

La Banque d'Angleterre a procédé à un tour de vis de 0,75 point de pourcentage, une première depuis octobre 1989.
La Banque d'Angleterre a procédé à un tour de vis de 0,75 point de pourcentage, une première depuis octobre 1989. (Tom Nicholson/REUTERS)

Par Ingrid Feuerstein

Publié le 3 nov. 2022 à 13:54Mis à jour le 3 nov. 2022 à 17:19

La Banque d'Angleterre poursuit son combat acharné contre l'inflation. Première des grandes banques centrales à avoir entamé son resserrement monétaire en décembre 2021, elle a de nouveau remonté ses taux ce jeudi, pour la huitième fois d'affilée.

Cette fois, la Bank of England (BoE) a procédé à un tour de vis plus marqué de 0,75 point de pourcentage, une première depuis octobre 1989. Elle emboîte le pas de la Fed qui, elle, a déjà relevé ses taux de trois quarts de point mercredi. Cette hausse « limite le risque d'un resserrement ultérieur qui serait plus prolongé et plus coûteux », justifie la BoE dans son communiqué.

Au cours de sa conférence de presse, son gouverneur, Andrew Bailey, a laissé entendre que le rythme du resserrement pourrait ralentir, contrairement à la Réserve fédérale américaine, qui a laissé miroiter d'autres hausses de taux.

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« Nous pensons que le taux directeur devra moins augmenter que ce que les marchés anticipent », a-t-il déclaré, face à des perspectives pour l'économie britannique considérées comme « très difficiles ». « Il y a une grande différence entre les Etats-Unis et l'Europe sur les perspectives en termes de PIB et d'inflation. La pandémie était un choc en commun, la guerre en Ukraine ne l'est pas », a-t-il commenté. Dans la foulée de la conférence de presse, la livre a accentué ses pertes face au dollar.

Cette hausse de 75 points de base de la BoE est conforme à ce qu'attendaient la plupart des économistes. Cela porte le taux directeur à 3 %, un niveau jamais atteint depuis la crise financière de 2008. Au sein du comité de politique monétaire, sept des neuf membres étaient favorables à un tour de vis aussi important, tandis que deux privilégiaient une hausse de 50 points de base ou moins.

Fort niveau d'incertitude

Cette hésitation reflète le fort niveau d'incertitude dans lequel la Banque d'Angleterre a pris sa décision. La Banque centrale est contrainte de resserrer sa politique monétaire à un moment où l'économie britannique entre en récession.

Dans le même temps, l'inflation s'est installée au-dessus du seuil de 10 %, comme le montre le dernier chiffre de septembre à 10,1 % . Depuis, le gouvernement britannique a annoncé une intervention sur le marché de l'énergie afin de protéger les ménages et les entreprises de la hausse des prix. Désormais, la Banque d'Angleterre s'attend à ce que l'inflation atteigne un pic à 11 % en décembre, au lieu de 13 % prévu en août.

Pression réduite

Depuis la dernière réunion de septembre , la pression qui pèse sur ses épaules pour maîtriser l'inflation s'est réduite. A l'époque, Liz Truss n'avait pas encore détaillé ses mesures de baisse d'impôts et les banquiers centraux s'inquiétaient de devoir mener une politique monétaire à contre-courant de la politique fiscale.

Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts. Le plan fiscal de Liz Truss, jugé très imprudent par les marchés, a contraint la Banque d'Angleterre à intervenir en urgence pour soutenir le marché obligataire.

La démission de la plus éphémère Première ministre du Royaume-Uni , remplacée par Rishi Sunak, a apaisé les tensions. Le rendement des obligations d'Etat britanniques est retombé au niveau du 23 septembre, avant l'annonce de ces mesures fiscales.

Cet apaisement a permis à la Banque centrale de lancer son resserrement quantitatif cette semaine, comme elle l'avait prévu. Elle a ainsi commencé à revendre les obligations d'Etat accumulées ces dernières années dans son bilan, pour un montant de 750 millions de livres.

Navigation dans le flou

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La Banque d'Angleterre continue malgré tout de naviguer dans le flou, dans l'attente des prochaines annonces budgétaires du gouvernement prévues le 17 novembre. Cette fois, c'est bien un programme de rigueur qui est attendu de la part du nouveau ministre des Finances, Jeremy Hunt .

Mêlant à la fois hausses d'impôts et coup de frein sur les dépenses publiques, ce plan devrait avoir un effet déflationniste, qui pourrait pousser la Banque d'Angleterre à ne pas agir trop vite pour éviter de freiner encore davantage une économie britannique déjà en perte de vitesse.

Ingrid Feuerstein (Correspondante à Londres)

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