“Dans un contexte de tensions politiques” entre Berlin et Paris, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a rencontré le président français, Emmanuel Macron, à l’Élysée, mercredi 26 octobre, rapporte la Deutsche Welle.

“Les deux dirigeants, dont les pays sont considérés comme le moteur commun de l’Union européenne, ont fait un effort pour sourire lorsque Scholz est sorti de sa Mercedes noire pour une poignée de mains, raconte The Guardian, mais le chancelier allemand a semblé esquiver quand Macron a tenté de passer un bras derrière son dos.”

“Camouflet” pour Scholz

Après cette entrevue, ils ont “souligné leurs points communs”, selon les mots de la Deutsche Welle. M. Scholz a déclaré sur Twitter qu’il avait eu une “très bonne et importante conversation” avec M. Macron. Il a précisé que la discussion avait porté sur l’approvisionnement énergétique de l’Europe, la hausse des prix et les projets d’armement communs. “L’Allemagne et la France sont proches et relèvent ensemble les défis”, a dit le chancelier.

L’Élysée a seulement déclaré que la rencontre avait été “très constructive”, ajoutant qu’elle avait conduit à la mise en place de groupes de travail en matière d’énergie, de défense de d’innovation, remarque Le Soir.

Mais pour Politico Europe, qui rappelle leurs récents différends sur la crise énergétique, sur la défense européenne et sur l’approche à adopter face à la Chine, “l’absence de conférence de presse conjointe à l’issue de l’entretien dit une autre histoire.” “Les relations sont désormais si glaciales entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz (...) qu’ils n’osent même pas être vus ensemble”, décrypte le média. Les auteurs de l’article voient là “un camouflet pour Scholz, [qui] s’était rendu [dans la capitale française] avec une équipe de journalistes au complet”.

Désaccords

Les tensions ont éclaté au grand jour la semaine dernière, lorsqu’un Conseil des ministres franco-allemand prévu à Fontainebleau a été reporté au mois de janvier, retrace Politico. Et “les désaccords entre les deux gouvernements ont également été largement visibles lors du sommet européen de la semaine dernière à Bruxelles”.

“Historiquement, la France et l’Allemagne ont eu des positions opposées sur certaines questions, mais récemment, une série de décisions françaises et allemandes a tendu la relation entre les deux plus grandes économies d’Europe”, explique la Deutsche Welle.

Berlin a récemment voté un plan d’aide de 200 milliards d’euros aux particuliers et aux entreprises face à l’envolée des prix sans en informer la France, “ce qui pourrait perturber le marché du gaz et de l’électricité”. Par ailleurs, le nouvel accord conclu par l’Allemagne avec 14 pays de l’Otan et la Finlande pour créer un programme commun de défense aérienne sur le continent exclut la France.

Inversement, note la radiotélévision allemande, “le récent accord conclu par M. Macron avec l’Espagne et le Portugal pour la construction d’un nouveau gazoduc entre Barcelone et Marseille a laissé Berlin dans l’embarras, car ses espoirs de bénéficier du gaz ibérique par le biais d’un autre gazoduc reliant l’Espagne à la France via les Pyrénées sont probablement réduits à néant.”

“Macron et Scholz auront au moins crevé l’abcès”, conclut Le Soir.