Une loge du théatre de Bastia - Antoine Pelozzi Vrogné
Exposition

Spectacles et divertissements en Corse au temps des Bonaparte (1769-1870)

Du 14 Octobre 2022 au 15 Janvier 2023
Maison Bonaparte

Dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, la description de la Moresca qui est donnée à Vescovato en l’honneur du comte de Marbeuf, gouverneur général de la Corse et protecteur des Bonaparte, nous donne à voir un spectacle d’une complexité extrême, exécuté par plus d’une centaine de bergers-danseurs. C’est donc qu’une tradition théâtrale existait en Corse, qui ne se limitait pas aux représentations données dans la sala maggiore du palais des gouverneurs génois à Bastia (avec un protocole extrêmement rigoureux qui nous est parvenu) ou aux teatri sacri de la semaine sainte, avec tout l’apparat baroque des sepolchri et des grandes processions.

La connaissance des grands textes italiens : la Jérusalem délivrée et le Roland furieux est diffusée dans toute la société corse, et les bergers de la famille Bonaparte appelaient Gertrude, sœur de Charles et donc tante de Napoléon : Clorinde, comme la princesse guerrière de la Jérusalem délivrée.

Le marquis de Cursay avait organisé de grands concerts lyriques vers 1742 pour amadouer la haute société bastiaise, pendant lesquels des cantatrices chantaient des airs de Pergolese et de Vinci.

Mais c’est ce même Marbeuf qui va construire le premier théâtre en bois de Corse, et les recherches récentes de J-C Liccia (commissaire de l’exposition) ont montré la qualité des chanteurs d’opéra et des danseurs, venus de toute l’Europe, qui s’y sont produits.

Sous le second Empire, l’opéra va devenir le centre de la vie sociale : la construction de celui de Bastia par Andrea Scala va susciter des querelles homériques entre le préfet qui souhaite voir inscrire au répertoire Gounod et Massenet, tandis que le maire n’aime que Bellini, Donizetti, Rossini et Verdi. En 1869, l’impératrice Eugénie assistera à une représentation du Trouvère de Verdi au Théâtre Saint-Gabriel d’Ajaccio.

L’exposition ne serait pas complète sans une évocation des traditions musicales populaires corses qui s’invitaient aussi dans les salons patriciens, la duchesse d’Abrantès nous en a laissé un témoignage :

«  Un jour, m’étant rendue le matin de très bonne heure tout au bout du château*, dans une grande galerie abandonnée, où se trouvait un piano, ou plutôt une mauvaise épinette que mademoiselle de Launay, lectrice de Madame Mère, et moi, avions réparée de notre mieux ; me trouvant devant ce piano, tout mauvais qu’il était , je me mis à répéter une petite chanson de chevrier qu’on chante dans les montagnes de la Corse, dans l’intention d’en faire un petit nocturne à deux voix pour le chanter à Madame . Saveria m’avait entendue et sanglota bientôt derrière moi. »

Ces pratiques culturelles, à la croisée de plusieurs mondes, avaient donc également une forte connotation politique. L’exposition et son catalogue vont tenter d’en définir les enjeux et les formes artistiques, très éclairantes de la société corse du temps de l’ascension et de la gloire des Bonaparte.

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