C’est une intrigue digne de la fiction danoise Borgen. La première ministre du Danemark, Mette Frederiksen, a convoqué, mercredi 5 octobre, des élections législatives anticipées, après l’ultimatum d’un parti allié.

En place depuis les dernières élections de juin 2019, la cheffe du gouvernement (Parti social-démocrate) a cédé à l’ultimatum des radicaux de gauche, membres de sa coalition. Ceux-ci menaçaient de faire tomber le gouvernement via une motion de censure si des élections n’étaient pas convoquées. « J’ai informé aujourd’hui la reine que des élections au Parlement allaient être organisées » le 1er novembre, déclare la dirigeante sociale-démocrate lors d’une courte allocution à la presse.

Scandale des visons

Les radicaux de gauche avaient commencé à réclamer la convocation d’élections après le blâme d’une commission d’enquête visant la première ministre, en juin 2021, dans le cadre de « l’affaire des visons ». Confrontée à l’apparition inquiétante d’un variant chez les animaux à fourrure, dont le Danemark était jusque-là le premier exportateur mondial, Mette Frederiksen avait ordonné leur abattage complet, soit plus de 15 millions de têtes, en 2020.

Il s’est ensuite avéré que le gouvernement n’avait aucune base légale pour imposer cela aux éleveurs et l’affaire l’a fragilisé politiquement. Mi-septembre, les six partis de l’opposition de droite et d’extrême droite avaient déjà réclamé des élections anticipées. « C’est la première fois qu’un scandale juridique conduit plus ou moins directement à des élections, même si la “chute du gouvernement” se produit au ralenti », relève le constitutionnaliste Frederik Waage.

Duel serré

Les derniers sondages d’opinion sur le scrutin, qui aura lieu le 1er novembre, sont très serrés. Ils créditent le « bloc rouge », constitué de plusieurs partis de gauche mené par les sociaux-démocrates, de 47 à 50 % des intentions de vote. Contre de 49 à 50 % pour le « bloc bleu », comprenant notamment le Parti libéral, le Parti conservateur et trois formations de droite nationaliste.

En sièges, aucun des deux blocs n’aurait de majorité sans le soutien des députés ultramarins (Groenland et îles Féroé) du Folketing, le Parlement danois, selon ces sondages. Symbole de la social-démocratie acquise à la rigueur migratoire au nom de la défense de l’État providence, Mette Frederiksen, 44 ans, reste toutefois la favorite des électeurs pour son poste.

Participation électorale élevée

Le paysage politique danois est plus éclaté que jamais, avec pas moins de treize partis susceptibles d’obtenir des sièges. Dont l’extrême droite du Parti du peuple danois (DF), crédités de 9 % des voix dans les sondages.

La participation électorale est traditionnellement élevée au Danemark. En 2019, 84,6 % des quelque 4,2 millions d’électeurs s’étaient déplacés pour aller voter. Pour entrer au Parlement, un parti doit rassembler au moins 2 % des votes.