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Un réfugié ukrainien attend un train à la gare de Zahony en Hongrie.

Plus de 870.000 Ukrainiens sont rentrés chez eux depuis le début du conflit - OCHA

© OIM/Emmy Darrau
Un réfugié ukrainien attend un train à la gare de Zahony en Hongrie.

Plus de 870.000 Ukrainiens sont rentrés chez eux depuis le début du conflit - OCHA

Paix et sécurité

Plus de 870.000 Ukrainiens sont rentrés chez eux depuis le début de la guerre dont des femmes et des enfants, a annoncé jeudi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

« Le Service national des gardes-frontières de l’Ukraine a indiqué le 12 avril que plus de 870.000 Ukrainiens étaient rentrés dans le pays depuis le début de l’offensive militaire en cours », a indiqué l’OCHA dans son dernier rapport de situation. Près de 30.000 Ukrainiens traverseraient quotidiennement les frontières pour regagner leur pays.

« Contrairement aux premiers jours quand il s’agissait essentiellement d’hommes, parmi les récents rapatriés figurent maintenant des femmes, des enfants et des personnes âgées », a détaillé la branche humanitaire de l'ONU. Le 3 avril dernier, le ministère de l’Intérieur a fait état de 537.000 Ukrainiens retournés chez eux citant les données du Service national des garde-frontières.

Pour les agences humanitaires onusiennes, ce nouveau décompte « significatif » suggère que la migration vers l’Ukraine pourrait continuer à augmenter. Dans ces conditions, cela devrait potentiellement créer « de nouveaux défis pour la réponse humanitaire ».

Plus de 4,7 millions de réfugiés depuis le début de l’offensive russe

Ces retours de réfugiés ukrainiens signifient aussi que « les gens auront besoin d’aide pour réintégrer leurs communautés ou trouver des communautés d’accueil appropriées si le retour chez eux n’est plus viable ».

Malgré ces mouvements de retour en Ukraine, les civils de ce pays continuent de s’exiler dans les pays voisins. Plus de 783.000 personnes, dont plus de 147.000 enfants, ont traversé l’Ukraine vers la Fédération de Russie depuis le 24 février, selon l’OCHA.

Au total, plus de 4,7 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l’invasion russe le 24 février, selon les chiffres du HCR jeudi. Il s’agit exactement de 4.736.471 réfugiés dont plus de la moitié en Pologne (2.694.090 réfugiés).

L’Europe n’a pas connu un tel flot de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. L’ONU estime aussi à 7,1 millions le nombre de déplacés à l’intérieur du pays, selon les chiffres publiés le 5 avril. Au total, ce sont donc presque 11,8 millions de personnes, soit plus d’un quart de la population, qui ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour gagner les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine.

Près de 13 millions de personnes bloquées dans les zones de conflit

Par ailleurs, l’Agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) estime à 13 millions le nombre de personnes bloquées dans les zones touchées ou incapables de partir. Ces civils restent piégés dans ces zones en raison « des risques accrus pour la sécurité, de la destruction des ponts et des routes, ainsi que du manque de ressources ou d’informations sur les endroits où trouver la sécurité et un logement ».

Selon l’ONU, de nombreuses personnes bloquées sont dans l’incapacité de satisfaire leurs besoins fondamentaux, notamment en nourriture, en eau et en médicaments. L’acheminement de l’aide vitale reste difficile, car l’accès humanitaire n’est pas sûr.

Face  cette situation, les agences humanitaires onusiennes s’efforcent d’atteindre les zones les plus touchées avec une aide vitale dans le cadre de convois humanitaires inter-agences. Et le HCR continue donc à appeler à la protection des civils et des infrastructures civiles, au respect du droit international humanitaire et à ce que les pays voisins continuent à garder leurs frontières ouvertes aux exilés en quête de protection.

Plus de 950 établissements scolaires endommagés ou détruits

D’autant que sur le terrain, les combats continuent de se concentrer dans les oblasts orientaux et méridionaux de l’Ukraine, causant des dommages et des pertes civiles et entraînant des besoins humanitaires. Selon l’OCHA, des tirs de roquettes ont également été signalés dans le centre et le nord de l’Ukraine.

Alors que de plus en plus d’Ukrainiens tentent de rentrer chez eux malgré les combats dans l’Est, le ministère ukrainien de l’Éducation et des Sciences a indiqué que 957 établissements scolaires à travers le pays, dont plus de 400 dans les oblasts de Donetsk, Kharkivska, Louhansk et Zaporizka (sud-est), ont été endommagés ou détruits. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), au 11 avril, les fermetures d’écoles dans tout le pays ont eu un impact sur l’apprentissage de 5,7 millions d’enfants en âge scolaire et de 1,5 million d’étudiants dans l’enseignement supérieur.

Ces mouvements de retour de réfugiés ukrainiens interviennent alors que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) fait état d’une tendance à la détérioration de la sécurité alimentaire. L’inquiétude porte notamment dans les oblasts où se déroulent des combats actifs et dans ceux qui comptent le plus grand nombre de personnes déplacées.

Détérioration potentielle de l’état nutritionnel des populations les plus vulnérables

Dans les régions accueillant un nombre important de personnes déplacées, 20% des ménages d’accueil manquent de liquidités pour satisfaire leurs besoins alimentaires de base et couvrir leurs factures. En moyenne 80% d’entre eux ont recours à divers mécanismes de survie et s’endettent selon le rapport de situation d’OCHA.

Dans ce contexte, le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) a pu apporter une aide alimentaire et monétaire à 1,28 million de personnes touchées par le conflit et déplacées en Ukraine. Des rations d’intervention rapide sont fournies à la ligne de front, dans les zones encerclées et partiellement encerclées pour aider les gens à répondre à leurs besoins alimentaires immédiats.

Près de 200.000 personnes affectées ont reçu une distribution générale de nourriture pendant 15 jours, principalement à Kyïv. Bien que la crise humanitaire en Ukraine ne soit pas qualifiée d’urgence nutritionnelle, le PAM fait état de préoccupations importantes concernant la détérioration potentielle de l’état nutritionnel des populations les plus vulnérables.