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L'après Brexit tourne à la crise politique en Irlande du Nord

Le Premier ministre nord-irlandais Paul Givan a annoncé sa démission ce jeudi. C'est un signe de la grogne croissante de sa base contre les dispositions douanières s'appliquant à la province.

La démission de Paul Givan (au second plan) traduit l'opposition de son parti, unioniste, au protocole nord-irlandais.
La démission de Paul Givan (au second plan) traduit l'opposition de son parti, unioniste, au protocole nord-irlandais. (Peter Morrison/AP/SIPA)

Par Lionel Steinmann, Les Echos

Publié le 3 févr. 2022 à 20:22Mis à jour le 4 févr. 2022 à 09:44

La crise politique provoquée par le Brexit en Irlande du Nord a franchi un nouveau palier jeudi avec l'annonce de la démission du Premier ministre Paul Givan. Elle traduit le rejet persistant par le camp unioniste des dispositions douanières nouvellement instaurées dans la province.

Ce jeudi « marque la fin de ce qui a été le privilège de ma vie, servir en tant que Premier ministre d'Irlande du Nord », a déclaré Paul Givan, membre du parti unioniste (DUP) lors d'une allocution à Belfast. Son départ entraîne mécaniquement la chute de la vice-Première ministre Michelle O'Neill, du parti républicain Sinn Fein avec qui le DUP partage le pouvoir.

« C'est le moment de dire assez »

Conçu pour empêcher le rétablissement d'une frontière physique avec l'Irlande voisine (toujours membre de l'Union) qui risquerait de fragiliser la paix conclue en 1998 après trois décennies d'affrontements sanglants entre unionistes et républicains, le protocole nord-irlandais a été mis en place lors du Brexit et maintient la province britannique dans le marché unique européen et son union douanière.

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Mais le DUP n'a cessé d'affirmer son opposition. « C'est le moment de dire assez », a réitéré jeudi son chef Jeffrey Donaldson, pour qui le protocole nord-irlandais représente « une menace existentielle à l'union et à l'avenir de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni », et une « folie économique » pour la province.

Des élections réclamées par le Sinn Fein

De son côté, Mary Lou McDonald, la cheffe du Sinn Fein, favorable au rattachement de l'Irlande du Nord à la république d'Irlande voisine, a appelé à la tenue d'élections sans attendre le scrutin prévu en mai. « En l'absence d'un exécutif qui fonctionne, une élection anticipée doit être convoquée, les gens doivent avoir leur mot à dire », a-t-elle déclaré à la presse.

Les unionistes du DUP menaçaient depuis des mois de faire s'effondrer l'exécutif local en raison de leur rejet des dispositions douanières post-Brexit, qu'ils dénoncent comme une frontière en mer d'Irlande. Le protocole, en vigueur depuis un an et âprement négocié avec l'accord de Brexit, a été au coeur de nouvelles discussions jeudi entre Royaume-Uni et Union européenne. Une nouvelle rencontre est prévue le 11 février.

Tensions sur les contrôles sanitaires

Mercredi soir, le ministre nord-irlandais de l'Agriculture, Edwin Poots, avait fait monter la pression en ordonnant à ses services de cesser à minuit les contrôles sanitaires sur les produits agroalimentaires arrivant dans les ports nord-irlandais, une décision dénoncée par le Sinn Fein et par Dublin comme violant le droit international. Bruxelles a déploré cette annonce, qui crée « davantage d'incertitude et d'imprévisibilité pour les entreprises et citoyens en Irlande du Nord ».

« D'après nos informations, les agents continuent à mener les contrôles sur les marchandises qui arrivent en Irlande du Nord. Il est essentiel que cela reste le cas », a souligné Maros Sefcovic dans un communiqué.

Les prochaines élections locales s'annoncent à haut risque pour le DUP, devancé dans les sondages par le Sinn Fein, favorable à un référendum sur l'unification de l'île. Avant l'été dernier, une fronde au sein du DUP avait entraîné la démission de l'ex-Première ministre nord-irlandaise Arlene Foster. Elle avait été remplacée à la tête du parti par Edwin Poots qui, partisan d'une ligne dure, avait jeté l'éponge au bout de trois semaines, avant d'être lui-même remplacé par Jeffrey Donaldson, considéré comme plus modéré.

Les Echos

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