Norvège: un nouveau gouvernement sur fond d’attaque à l’arc à flèches
Au lendemain d’une attaque sanglante, Jonas Gahr Støre devient Premier ministre.
- Publié le 14-10-2021 à 18h50
- Mis à jour le 14-10-2021 à 19h11
Jonas Gahr Støre, le nouveau Premier ministre norvégien, aurait pu espérer un jour moins tragique pour présenter son gouvernement que le lendemain d'une attaque meurtrière à l'arc à flèches - un "acte horrible". Si plusieurs projets d'attentats islamistes ont été déjoués ces dernières années, le royaume a surtout été endeuillé par le terrorisme d'extrême droite, en 2011 et 2019.
Jonas Gahr Støre compte d'ailleurs dans son équipe deux ministres, Jan Christian Vestre au Commerce et Tonje Brenna à l'Éducation, qui ont survécu à l'attentat perpétré il y a dix ans par le terroriste d'extrême droite Anders Behring Breivik à Utøya. Jonas Gahr Støre lui-même se trouvait sur l'île la veille du jour où l'assassin avait ouvert le feu sur la jeunesse travailliste. Ministre des Affaires étrangères, il se trouvait aussi à l'hôtel Serena de Kaboul quand celui-ci avait été attaqué par des talibans en 2008. M. Vestre, 35 ans, et Mme Brenna, 33 ans, "utilisent tout leur pouvoir pour contribuer à une société meilleure", a déclaré le Premier ministre. "Dix ans plus tard on peut dire, la démocratie a gagné."
Selon lui, "à partir d'aujourd'hui, les gens ordinaires feront l'expérience que leur vie et leurs rêves passent avant tout". Pour remporter les élections, le travailliste, millionnaire, avait orienté sa campagne vers les "gens ordinaires". "Mes finances ne sont pas ordinaires, mais beaucoup de choses chez moi le sont", assurait-il.
"Les apparences d’un acte terroriste"
Peu avant que Jonas Gahr Støre ne présente les membres de sa coalition avec le Parti centriste, tournant la page de huit années de politique conservatrice, la police norvégienne avait fait part des dernières informations dont elle disposait sur l’auteur de l’attaque qui a tué cinq personnes, à l’arc à flèches notamment, mercredi soir à Kongsberg.
Elle avait déjà été en contact avec l'assaillant danois, Espen Andersen Bråthen, par le passé. Le trentenaire, qui a vécu une grande partie de sa vie à Kongsberg, avait eu affaire aux forces de l'ordre après avoir dangereusement menacé ses parents et laissé un revolver dans leur canapé l'an dernier. Des années auparavant, d'après le quotidien Aftenposten, il avait été condamné à 60 jours de probation pour cambriolage et possession et usage de haschich.
Il y a eu aussi "des informations inquiétantes sur cet homme liées à la radicalisation", a déclaré à la presse un officier de la police norvégienne, Ole Bredrup Saeverud. En 2017, Bråthen avait annoncé s'être converti à l'islam. Selon les services de sécurité norvégiens, les événements de mercredi "ont les apparences d'un acte terroriste à ce stade, mais l'enquête […] tirera davantage au clair ce qui les a motivés". "Nous ne savons pas encore si l'acte était motivé par la religion, mais c'est une piste", avait précédemment déclaré Ole Bredrup Saeverud. Selon son avocat Fredrik Neumann, Bråthen ne reste en tout cas pas muet. "Il s'explique en détail et il parle et coopère bien."
"La police n'a actuellement aucune indication concrète d'un changement du niveau de menace dans le pays", a annoncé sa direction par voie de communiqué. Les policiers, qui ne sont généralement pas armés dans le paisible royaume scandinave, ont toutefois reçu l'ordre de porter des armes à titre temporaire. "Il s'agit d'une mesure d'urgence supplémentaire."